I-ReWater : une première année d’expérimentations au champ s’achève
En 2024, HOPEN s’est engagé dans le projet européen I-ReWater, aux côtés de nombreux partenaires agricoles, techniques et institutionnels. Ce programme vise à répondre à un enjeu majeur pour l’avenir des cultures : la gestion durable de la ressource en eau. Après une première saison d’essais menée directement au champ, il est temps de dresser un premier bilan et de partager les enseignements avec la filière houblon.
Introduction
HOPEN participe au projet européen I-ReWater, un programme qui regroupe un consortium de 16 entités bénéficiaires en Espagne, France et Portugal. L’objectif est triple : mieux comprendre les ressources en eau disponibles dans le territoire SUDOE (Sud-Ouest de l’Europe), évaluer le potentiel de la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) pour l’agriculture et construire une stratégie transnationale permettant son intégration dans les pratiques agricoles.
Cette première année d’essais en houblonnière a permis de tester des pratiques d’irrigation innovantes, d’évaluer leur impact sur le développement et la qualité du houblon, et de poser les bases des prochaines étapes du projet.
Le projet I-ReWater en quelques mots
Le projet I-ReWater poursuit trois objectifs majeurs :
⸱ Connaissance : recenser et mieux comprendre les ressources hydriques disponibles dans le territoire SUDOE et évaluer le potentiel de développement de la REUT.
⸱ Évaluation : tester la pertinence de la REUT pour l’irrigation des cultures, en mesurant son impact sur le rendement, la qualité des productions agricoles et l’empreinte carbone des systèmes.
⸱ Stratégie : élaborer une feuille de route transnationale pour l’intégration de la REUT, et rendre son usage simple et accessible pour les acteurs publics, les agriculteurs et le grand public grâce à un site web dédié.
Celui-ci proposera un outil d’aide à la décision pour accompagner les producteurs dans la gestion de l’irrigation et de la fertirrigation avec un mix d’eaux conventionnelles et de REUT.
Pour HOPEN, l’enjeu est de savoir si cette ressource alternative peut sécuriser l’irrigation du houblon tout en préservant la qualité aromatique et le rendement.
Des expérimentations menées en houblonnière
Notre équipe mène deux pilotes sur la culture du houblon, comme l’USC en Espagne. Les autres partenaires se concentrent sur des cultures ligneuses (vigne, amandier, olivier…) ou maraîchères (salade, tomate…).
En Nouvelle-Aquitaine, les projets de REUT étant encore rares et éloignés des parcelles de houblon, il a été décidé dans un premier temps de tester des modalités d’irrigation déficitaire. L’idée est d’évaluer si une réduction des apports en eau est possible sans nuire au rendement ni à la qualité.
Deux producteurs partenaires ont accepté d’accueillir les essais :
⸱ Allemans-du-Dropt (Lot-et-Garonne),
⸱ Taizé-Aizie (Charente).
Afin de faciliter la comparaison des résultats, les expérimentations portent sur une même variété : le Cascade.
Modalités testées en 2025 :
⸱ Témoin : 100 % d’irrigation, selon la stratégie habituelle du producteur.
⸱ Test : 80 % d’irrigation, avec des périodes réduites permettant d’apporter seulement 80 % de la dose habituelle.
Ces essais ouvriront la voie à une nouvelle étape en 2026, où un pilote de REUT simulée sera installé pour mesurer directement l’impact de cette ressource sur la culture du houblon.
Un dispositif de mesure précis
Le projet met à disposition un ensemble d’outils de suivi afin de recueillir des données précises au champ, grâce à des capteurs accessibles et fiables.
⸱ Installation : 3 nœuds de mesure par modalité et par parcelle, soit un total de 12 nœuds.
⸱ Mesures suivies : teneur en eau et température du sol, température et humidité de l’air.
⸱ Transmission : chaque parcelle est équipée d’un boîtier qui collecte les données par radio et les envoie via modem vers la plateforme MySense pour un suivi centralisé.
Ce dispositif permet de suivre en continu l’évolution des conditions dans chaque modalité et de comparer les résultats avec précision.
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Suivi au champ et premiers résultats
De début mai à la récolte, HOPEN a suivi finement le développement du houblon sur les deux sites expérimentaux. Plusieurs paramètres ont été étudiés :
⸱ Stade phénologique : observer si les grandes étapes du cycle de la plante (montée, floraison, formation des cônes) interviennent au même moment selon les modalités.
⸱ Hauteur des plantes et dynamique de croissance : détecter d’éventuels écarts dans la vigueur.
⸱ Composition des feuilles à la floraison : analyser l’état nutritionnel juste avant la formation des cônes.
⸱ Teneur relative en eau : identifier la présence ou non de stress hydrique.
⸱ Hauteur de la première branche fertile : indicateur précoce du rendement potentiel.
⸱ Rendement et poids de 100 cônes : mesurer l’impact de l’irrigation sur la productivité.
⸱ Composition des cônes : analyser les acides alpha, bêta, la teneur et la qualité des huiles essentielles.
Les données sont en cours d’analyse. Les premiers résultats sur les variables physiologiques montrent peu de différences significatives entre les modalités sur les deux parcelles, ce qui constitue un signal encourageant. Cela laisse penser qu’une gestion plus économe en eau pourrait être envisageable sans dégrader la production.
Une journée portes ouvertes pour partager les avancées
Le 17 juillet dernier, une journée portes ouvertes a été organisée sur la parcelle pilote de Taizé-Aizie en Charente. L’événement a réuni des acteurs publics, des gestionnaires de l’eau et des représentants du monde agricole. Cette rencontre a permis de :
⸱ Présenter le contexte du projet et le dispositif expérimental,
⸱ Partager les résultats intermédiaires et les méthodes de suivi,
⸱ Ouvrir un débat sur la REUT : son acceptabilité, sa faisabilité et son potentiel pour l’agriculture.
Ces échanges ont mis en lumière l’intérêt collectif autour de la réutilisation de l’eau en agriculture et la nécessité de poursuivre les travaux de recherche.
Conclusion et perspectives
Cette première année d’expérimentation constitue une étape importante du projet I-ReWater. Les résultats encourageants obtenus avec l’irrigation déficitaire ouvrent des perspectives prometteuses pour la suite des essais.
En 2026, l’introduction de la REUT simulée sur l’une des parcelles permettra d’aller plus loin dans l’évaluation de cette ressource pour la culture du houblon.
Pour la filière, le projet représente une opportunité de développer des pratiques innovantes afin de répondre aux enjeux du climat et de la gestion de l’eau, tout en garantissant la qualité des houblons français.
HOPEN poursuit ce travail avec ses partenaires européens pour accompagner les producteurs et préparer l’avenir de la filière houblon.