Les bioagresseurs du houblon - Les connaître pour les éviter

"Mieux les connaître pour les éviter"

Bioagresseur

Le développement de la filière du houblon dans des territoires où le houblon n’est initialement pas cultivé, dépend de facteurs techniques dont l’observation et les études sont primordiales. C’est en ce sens que nous avons choisi de mettre en place une parcelle expérimentale de 1 hectare depuis 2018 et un nouvel hectare a été planté fin 2020 au lycée Etienne Restat, dans le Lot-et-Garonne. Cette houblonnière nous donne l’opportunité de travailler sur la reconnaissance des bioagresseurs (ravageurs et maladies) et des auxiliaires, indispensable à toute prise de décision pour la protection des cultures et l’accompagnement des agriculteurs que nous suivons.

Cet article reprend l’essentiel des principaux ravageurs et maladies d’une houblonnière accompagnée d’une courte description.

Maladies et ravageurs


Le passeport phytosaniaire, une garantie

En Europe tous les plants de houblon en circulation doivent être accompagnés d’un passeport phytosanitaire (PPE), garantie de la traçabilité et qu’ils sont indemnes de verticillioses (Verticillium nonalfalfae et Verticillium dahliae). (DRAAF - SRAL, 2019). Le mildiou du houblon (Pseudoperonospora humuli) et les pucerons (Phorodon humuli) sont quasiment systématiques sur les houblonnières et requièrent une attention continue de la part des producteurs car ils peuvent fortement impacter les rendements (Chambre d’agriculture - Grand-Est s. d.; Darby et al., 2017).

Liste des principaux bioagresseurs du houblon

  • Mildiou du houbon (Pseudoperonospora humuli)
  • Oïdium (Podosphaera macularis)
  • Botrytis (Botrytis cinerea)
  • Puceron du houblon (Phorodon humuli)
  • Acarien tétranyque tisserand (Tetranychus urticae)
  • Cicadelles (Empoasca fabae et Empoasca vitis)
  • Charançons (Ostiorhynchus ligustici)

Liste des autres bioagresseurs observables

  • Altises (Psylliodes punctulata)
  • Verticillioses (Verticillium nonalfalfae et Verticillium dahliae)
  • Virus (HMV, ArMV, PRNV)
  • Lepidoptères (Paon du jour, pyrale du houblon, noctuelle de la patience…), sauterelles.

Mildiou du houblon (Pseudoperonospora humuli)


Le mildiouLe mildiou du houblon (Pseudoperonospora humuli)

Description de la maladie

Dans un premier temps, pendant les premiers mois après la sortie des jets de houblon du sol, des pousses isolées (spiciformes ou spicules basaux) peuvent être rencontrées. Elles se caractérisent par une couleur vert jaunâtre, des entrenœuds courts et une croissance ralentie. Elles sont un indicateur d’une contamination primaire du mildiou. Elles vont par la suite sporuler pour contaminer d’autres plants (feutrage gris violacé sous la feuille).

Pousses spiciformes mildiou houblon

Dans un second temps, indicateurs d’une contamination secondaire, des feuilles tâchés de brun (nécroses) ou encore de jaunes (chloroses) réparties de façon hétérogène. Les fleurs et les cônes se dessèchent et brunissent.

Conditions de développement

Les conditions climatiques humides, accompagnées de pluies et de températures douces à chaudes.

Développement

On observe une contamination primaire, sous forme de mycélium présentsdans les rhizomes et les bourgeons dormants du houblon en hiver. Le mildiouva passer par différentes structures de multiplication (oogonium, oospores,sporangiophores) selon les conditions, infectant de plus en plus de tissus de laplante pour finir par infecter via des zoospores d’autres plantes : c’est lacontamination secondaire.

Prévention et lutte

  • Résistance/tolérance variétale (variétés Cascade, Fuggle, Magnum, Newport, Perle et Willamette)
  • Retarder la taille du printemps
  • Retirer les feuilles basales lors de la taille au printemps ( pour créer un flux d’air basal et diminuer l’humidité) et les brûler (réduire les inoculums)
  • Éviter l’irrigation par aspersion
  • Implanter un couvert peut diminuer l’humidité du sol et par conséquent les risques
  • de développement du champignon (Lizotte 2015)
  • Traitement de produits homologués BIO (à base de cuivre)

Oïdium (Podosphaera macularis)


OïdiumOïdium (Podosphaera macularis)

Description de la maladie

Ce phytopathogène est un champignon (ascomycète) dont le développement sur la partie aérienne se décrit par des colonies blanches et poudreuses qui peuvent se trouver de chaque côté du tissu foliaire. Dans un stade plus avancé, la teinte du mycélium peut prendre une teinte brune ou noire. La maladie peut aussi atteindre le cône et la tige du houblon.

Conditions de développement

Le champignon se développe par temps chaud, faiblement humide et dans les zones denses en feuilles concentrant l’humidité (proche de 100%). Cependant, les feuilles doivent être sèchent puisque l’eau tue les conidies (spores du champignon). Il apparaît généralement à la mi-mai, lorsque les températures oscillent entre 18 et 25°C.

Développement

L’oïdium hiverne à la surface du sol dans des débris végétaux (chasmothecia) ou comme mycélium dans les bourgeons végétaux. Au printemps, des ascospores ou conidies sont libérés et infectent les feuilles des jeunes plants par leur germination. Des conidies sont alors produites et donnent cet aspect feutré blanc. L’hiver, la survie de l’oïdium dans les bourgeons est favorisée par des températures douces.

Oïdium du houblon

Prévention et traitement

Pour lutter contre le développement de cette maladie, on peut :

  • avoir recours à la lutte chimique dont les solutions sont disponibles et efficaces.
  • cultiver des variétés résistantes (Nugget, Comet, Crystal, First Gold, Magnum, Newport)
  • éliminer les feuilles basales
  • appliquer du soufre

Botrytis (Botrytis cinerea)


Description de la maladie

Nous nous attarderons pas sur cette maladie car elle représente très peu de cas en France, mais il est important que vous la connaissiez.

On détecte cette maladie par la couleur que prend la pointe des cônes de houblon. On y distingue un feutrage mycélien gris et marron, facilement reconnaissable à l’œil nu. On l’appelle aussi la « pourriture grise du houblon ».
Lorsque la maladie est dans un état avancé, les cônes pourrissent et tombent.

Conditions de développement

Les facteurs favorisant son avancée sont un sol avec un excès de fertilisation et trop riche en azote. Pour les conditions climatiques, la croissance se fait par temps humides.

Développement

Lorsque les températures remontent au printemps, les conidies des plants infectés, se transportent par le vent et infecte les plants sains. Si les conditions sont favorables juste avant la récolte, on assiste à une épidémie.

Prévention et traitement

  • Il faut éviter tout apport important d’engrais azotés et d’installer les parcelles sur des terres aérées.
  • Par mesures préventives, on peut traiter localement avec des fongicides spécifiques.

Puceron du houblon (Phorodon humuli)


PuceronsPuceron du houblon (Phorodon humuli)

Biologie et cycle de vie

Le puceron du houblon hiverne sous forme d’œuf sur des espèces hôtes du genre Prunus. Au printemps, les œufs éclosent et donnent 1 à 2 générations d’adultes aptères (sans ailes) puis d’adultes ailés au mois de mai. Les femelles asexuées aptères vont alors pondre. Fin août, les mâles retournent sur les Prunus.

Caractères morphologiques

Ils mesurent une fois adulte adultes 2,0 à 3,0 mm. Pour les aptères, le corps est allongé, vert pâle avec une bande dorsale longitudinale plus sombre. Pour les ailés, le corps est vert surmonté d’une plaque dorsale foncée presque noire.

pucerons du houblon

Les dégâts sur les cultures

Le principal problème n'est pas l'impact direct du puceron sur la culture, même si l'on observe quelques défoliations, mais plutôt les virus qu'ils peuvent transmettre à travers leurs piqures (HMV, HSVd, …).

dégâts visibles pucerons du houblon

Prévention et lutte

Pour éviter l'apparition de pucerons du houblon sur vos cultures :

  • éviter de planter des arbres du genre Prunus proche de la houblonnière ou ne l'installer pas aux environs d'un verger de Prunus.
  • faites une gestion raisonnée de la fertilisation azotée (les pucerons apprécient l'azote)
  • vous pouvez effectuer des lâchers de Aphidius colemani et d'Aphidoletes aphidimyza (avec une meilleure efficacité)
  • mettez en place des diffuseurs de salicylate de méthyle pour attirer les auxiliaires
  • installez des nichoirs à mésanges et chauves-souris, des prédateurs remarquables.

Acariens tétranyque tisserand (Tetranychus urticae)


AcariensAcariens tétranyque tisserand (Tetranychus urticae)

Biologie et cycle de vie de l'acarien

Les femelles tétranyques sont en diapause (arrêt temporaire du développement) pendant l’hiver : en se cachant dans les organes racinaires. Pas de nutrition, pas de ponte, juste cachées. Au printemps, elles se nourrissent et pondent sur la face inférieure des feuilles. Fin août, les femelles entrent de nouveau en diapause.

Caractères morphologiques

Les larves ont 3 paires de pattes, souvent pâles, 2 yeux rouges, tandis que les adultes auront 4 paires de pattes. Ces derniers peuvent être de couleur orange, jaune clair, vert clair, vert foncé, vert, marron, rouge ou presque noir. Les mâles et les femelles ont généralement 2 tâches mélaniques dorsales.

acariens feuilles de houblon

Les dégâts sur les cultures

Les piqûres des acariens entraînent un jaunissement des feuilles par destruction de la chlorophylle et des décolorations punctiformes (comme une grillure) sur les feuilles.

araignées rouges plants de houblon

Précautions

Pour limiter son développement :

  • établissez une gestion raisonnée de la fertilisation azotée et de l’irrigation
  • réduisez la poussière (couvrez les chemins avec de la paille/débris de culture et/ou arrosez-les, puis mettrez en place un couvert en inter-rang)
  • installez des diffuseurs de salicylate de méthyle pour attirer les auxiliaires
  • supprimez les feuilles basales manuellement ou par défanage thermique
  • faites des lâchers de prédateurs : Neoseiulus fallacis, Metaseiuius occidentalis, mélange de N. fallacis et M.occidentalis, Typhlodromus pyri, Amblyseius andersoni (du plus efficace au moins efficace d’après Strong et Croft, 1995), et d’autres (Phytoseiulus persimilis, Amblyseius californicus, Amblyseius ovaloides, Amblyseius fallacis, Neoseiulus californicus) + Exochomus quadripustulatus, Stethorus pusillus (ephytia)

Le suivi des bioagresseurs sur les cultures de houblon demande des protocoles rigoureux et chronophages mais présentent un intérêt majeur pour l’avenir de la filière. HOPEN – Terre de Houblon a pour objectif de faire avancer les pratiques en agroécologie dans les houblonnières. Cette démarche vise à réduire, voire à faire disparaître, tout emploi de produit chimique de synthèse, amenant à repenser entièrement les stratégies de protection des cultures. La connaissance des principaux bioagresseurs est nécessaire pour mieux définir et orienter les axes de lutte et de mettre en place une réponse adaptée pour les contrôler.

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